Accéder au contenu principal

Hommage à Élisabeth Auerbacher

 Hommage à Élisabeth Auerbacher

Une vie dédiée à la révolution des droits des personnes handicapées

Il y a des vies qui résonnent comme des cris de liberté, des existences qui brisent les murs du silence et de l'indifférence. Élisabeth Auerbacher fut de ces êtres rares qui transforment la colère en force révolutionnaire, l'exclusion en combat politique, et l'injustice en moteur d'émancipation collective. 

Avocate, militante, "handicapée méchante" revendiquée, elle a consacré sa vie à arracher les personnes handicapées à l'invisibilité pour les hisser au rang de citoyens à part entière. 

Elisabeth Auerbacher, prise le 30 août 2003 La Rochelle © AFP - JEAN-PIERRE MULLER. Elisabeth est assise, souriante, les mains posée sur ses genoux. Elle porte un haut blanc et un pantalon jaune. Derrière elle, un mur blanc.
Elisabeth Auerbacher, le 30 août 2003 La Rochelle - Photo de l'AFP, Jean-Pierre Muller


Aujourd'hui, nous rendons hommage à Élisabeth Auerbacher, figure emblématique et parmi les pionnières de la lutte pour les droits des personnes handicapées en France, dont le combat révolutionnaire a marqué à jamais l'histoire de l'émancipation des personnes en situation de handicap.

Notre bataille, c'est ne plus être soumis, c'est être ce que nous sommes sans avoir honte, c'est montrer la contradiction de cette société qui ne veut pas de nous, alors qu'elle fait semblant de faire quelque chose pour nous.” [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 58]

“Nul besoin d'avoir lu Marx, Lénine ou Bakounine pour prendre conscience de notre différence et nous battre contre les évidences des autres. Ce qui compte, c'est notre révolte. Tout doit s'adapter à nous.

A chaque moment, notre insoumission, c'est déjà le début de notre victoire.[Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 58]

Une enfance et une jeunesse forgées par l'exclusion institutionnelle

Élisabeth Auerbacher grandit dans les années 1950, à une époque charnière de l'histoire française du handicap. Si la création de la Sécurité sociale en 1945 transforme la protection sociale française, elle n'aborde pas directement la question du handicap. 

Parallèlement, l'État français organise dès l'après-guerre un système hybride de prise en charge du handicap, confiant la gestion des établissements à des associations privées tout en maintenant un financement public, une somme en forfait jour par personne. Cette organisation, qui perdure encore aujourd'hui, permet la perpétuation de ce qu'on appellera plus tard les "associations gestionnaires". Les années 1950-1960 marquent l'âge d'or de l'institutionnalisation ségrégative : les personnes handicapées sont certes prises en charge, mais dans des établissements fermés qui les maintiennent à l'écart de la société. Cette institutionnalisation, présentée comme un progrès social, crée en réalité une nouvelle forme d'exclusion, plus organisée et systématique. 

En 2025, cette logique ségrégative perdure : les IME (Instituts médico-éducatifs) accueillent encore des dizaines de milliers d'enfants séparés du système scolaire ordinaire, tandis que les ESAT (anciens CAT) maintiennent 120 000 adultes dans un sous-emploi déguisé. Malgré la loi de 2005 sur l'égalité des droits et des chances, près de 80 000 enfants handicapés restent sans solution scolaire adaptée, reproduisant l'exclusion institutionnelle dénoncée par Élisabeth dans les années 1970.

C'est dans ce contexte d'exclusion institutionnalisée qu'Élisabeth forge sa détermination. Dans son ouvrage, elle décrit dans la première partie consacrée à son enfance, les diverses séances de torture qui lui sont imposées au titre de la “rééducation”, ainsi que la perception délétère du handicap tant dans sa famille, que dans la société toute entière. Elle évoque ensuite ses années étudiantes. Ses luttes. Ses rencontres. Sa vie intime. Et ça pique. 

L'avocate militante : du droit à la révolution

Élisabeth Auerbacher est devenue avocate malgré les obstacles, malgré l’infantilisation dont elle a fait l’objet :

 “L'Ordre des avocats me considère comme un bébé, même à trente-deux ans, et me dit par l'intermédiaire de son bâtonnier que le Palais de Justice n'est pas fait pour moi.

…/…Et pourtant, c'est avec une sollicitude toute paternaliste que dans son bureau imposant, le bâtonnier me met en garde: « Attention, cela va être trop fatigant pour vous. Méfiez-vous. Faites autre chose. » N'est-ce pas une méthode douce d'exclusion? Mais, je ne cède pas, je suis décidée à aller jusqu'au bout.” [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 125]

Ces discriminations professionnelles existent encore aujourd'hui : en 2025, le taux de chômage des personnes handicapées reste deux fois supérieur à la moyenne nationale (14% contre 7%). Dans les professions juridiques, l'accès reste semé d'embûches : examens non adaptés, locaux inaccessibles, préjugés sur les capacités. L'infantilisation dénoncée par Élisabeth perdure sous des formes parfois plus subtiles mais tout aussi excluantes.

1973 : L'explosion révolutionnaire du Comité de lutte des handicapés

L'année 1973 marque un tournant historique avec la création du Comité de lutte des handicapés (CLH), dont Élisabeth Auerbacher est l'une des fondatrices. Ce collectif révolutionnaire, né dans le sillage de Mai 68, bouleverse les codes du militantisme handicapé en France.

Cette rupture historique inspire directement les mouvements contemporains : le Collectif Luttes et handicaps pour l'égalité et l'émancipation (CLHEE), créé en 2016, puise explicitement son inspiration dans le militantisme des "Handicapés méchants". 

Les mobilisations comme #APFHorsDeNosLuttes ou #TousEnRouge témoignent de cette continuité révolutionnaire dans l'espace numérique, transposant la "méchanceté" revendiquée d'Élisabeth dans les réseaux sociaux.

Une approche radicalement nouvelle

Le CLH rompt avec la tradition charitable et misérabiliste. Fini la mendicité déguisée, fini les quêtes humiliantes dans la rue. Les "Handicapés méchants" - titre provocateur de leur journal lancé en 1974 - revendiquent leur colère légitime et leur refus d'être réduits à des objets de pitié et de charité.

Extrait (bas de page) d'un exemplaire du journal "Handicapés méchants".  Sur la droite, une photo, avec une personne en fauteuil, et une autre valide, qui la regarde de très haut, de façon paternaliste, (elle lui joue des doigts devant la figure). Dans une bulle BD, les paroles prêtées au valide qui parle de haut à la personne handicapée : "J'ai très bien "compris' la lutte des handicapés, on peut peut-être négocier, mais surtout restez calmes; et respectez mes opinions, mon usine et la société. Tiens, vlà dix francs."  Sur la gauche, la bulle qui dépasse de la photo, le nom du journal : handicapés méchants, journal des comités de lutte des handicapés numéro 4, 2 francs.
Extrait (bas de page) d'un exemplaire du journal "Handicapés méchants".
.

Des actions spectaculaires et symboliques

Le CLH multiplie les actions d'éclat pour briser l'indifférence. En  mars 1973, en pleine Journée de quête nationale, les militants occupent l'immeuble de l'Association des Paralysés de France à Paris, détournant symboliquement l'événement caritatif pour porter leurs revendications politiques. 

“Ce dimanche de mars 1973, le long du boulevard Raspail …/… nous sommes là avec des valides. Quelques-uns viennent de la Cité, quelques-uns de Garches. Nous sommes dix fauteuils roulants, moi en tête avec mes cannes. Les valides sont là : la Gauche prolétarienne de la Cité, des lycéens de Marie Curie en révolte. Nous avons notre affiche, nous avons nos revendications, nous hurlons « Halte à la charité », « Halte à la quête ». C'est notre première action, la concrétisation de notre mouvement jusqu'alors informel.” [Babette, handicapée méchante Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 pages 54/55]

“Aujourd'hui j'occupe les locaux de l'A.P.F. avec les Handicapés Méchants, parce que je sais qu'ils sont inefficaces, qu'ils sont d'accord avec la quête, qu'ils gèrent les finances mais ne savent que créer des ateliers protégés, qu'ils sont soumis au pouvoir politique.” [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 56]

En décembre 1974, ils lancent des tracts depuis les tribunes de l'Assemblée Nationale pour protester contre l'insuffisance des projets de loi. 

Ces actions, loin d'être des coups d'éclat gratuits, visent à interpeller l'opinion publique et à provoquer une prise de conscience collective sur les véritables enjeux du handicap.

L’extrême droite au tournant

Ses prises de position en faveur des prisonniers lui ont valu les foudres de la presse d’extrême-droite. Hier, elle qualifiait Elisabeth Auerbacher de “gnome difforme”, de “pilier à béquilles”...

Ne suis-je pas pour ce bâtonnier de I'Ordre des avocats de Paris celle dont Minute écrivait : « Elisabeth Auerbacher, gnome difforme, pilier à béquilles du C.A.P. » J'ai attaqué en justice l'hebdomadaire d'extrême-droite. Le même procureur qui traitait la veille les militants du C.A.P. comme des hommes à abattre, se confond en excuses devant moi. Je gagne.” [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 56]

Aujourd’hui, c’est Sébastien Peytavie qui se fait menacer de la prochaine Aktion T4 pour ses prises de position. « Voyant que je suis en fauteuil, il fait alors référence à l’Aktion T4 » L’eugénisme n’a pas disparu. Ni seul, ni porté par l'extrême droite.

L'héritage révolutionnaire d'Élisabeth Auerbacher

1. L’analyse du handicap en termes politiques : l’insoumission 

Élisabeth Auerbacher a été l'une des premières en France à analyser politiquement le handicap dans le contexte post-Mai 68. 

Elle a démontré que l'exclusion des personnes handicapées n'était pas une fatalité naturelle, mais le résultat de choix politiques et sociaux qu'il était possible de combattre, inscrivant cette lutte dans la continuité des mouvements de contestation française des années 1970.

Lorsqu’on lui demande comment parvenir à l’inclusion : 

“Ça commence par l'école, par la rue. Mettre les enfants handicapés dans les piscines, à l'école, et les adultes dans la rue. Plus il y en aura dans la rue, mieux cela vaudra.”  [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 166]

Cette analyse politique du handicap trouve aujourd'hui son prolongement dans les études critiques du handicap (disability studies) et les mouvements anti-validistes qui dénoncent le validisme comme système d'oppression structurel, au même titre que le sexisme ou le racisme.

Elle insiste particulièrement sur la notion de consentement, particulièrement dans le soin. A plusieurs reprises dans son ouvrage, elle revient sur ce rapport de domination très particulier du corps médical sur les personnes handicapées.

Enfin, elle rejette ce que la société impose, à savoir, une solidarité entre handicapés basée sur la pitié, les handicapés identiques devant rester entre eux, tout en reconnaissant des luttes communes, des luttes humanistes.

“On veut créer entre handicapés une solidarité à base de pitié : c'est une autre forme de racisme… Nous sommes différents et chacun est différent. Il y a des différences même chez les handicapés appartenant aux mêmes catégories. Nous voulons être reconnus en tant que tels. En tant qu'êtres humains, humains parce que différents.”  [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 152]

2. L'émancipation par la colère

Avec "Babette, handicapée méchante" (Stock, 1982), son autobiographie militante, elle légitimise la colère des personnes handicapées et leur droit à la révolte. Elle refuse catégoriquement d'être "gentille" et "reconnaissante", posant les bases d'un militantisme handicapé assumé et revendicatif.

couverture du livre 'Babette, handicapée méchante". Sur la couverture, un couloir, au fond duquel on voit des béquilles, et la lumière juste derrière.
Couverture du livre de E. Auerbacher : "Babeth, handicapée méchante"

Elle évoque régulièrement la “soumission” attendue de la part des personnes handicapées par la société, soumission à laquelle elle s’oppose fort à propos.

“Dénoncer notre condition en restant bien sage, bien gentil, bien mignon, c'est toujours nous soumettre à ce pouvoir sournois qu'est la charité.” [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 80]

Cette légitimation de la colère handicapée résonne particulièrement aujourd'hui dans un contexte où les personnes handicapées sont encore sommées d'être "inspirantes" ou "courageuses", injonctions qui masquent la persistance des discriminations systémiques.

3. La lutte pour l'accessibilité universelle

Le CLH, sous l'impulsion d'Élisabeth, se bat pour l'accessibilité généralisée, concept révolutionnaire à l'époque. Cette vision préfigure les luttes contemporaines pour l'accessibilité universelle et le design inclusif.

L’accessibilité universelle n’est pas une fin en soi, c’est le minimum attendu de la part d’une société qui se prétend libre, égale, fraternelle. Un préalable au reste.

“Cela veut dire que le handicapé ne peut plus être renvoyé dans un ghetto et qu'il a sa place comme être humain à part entière. Après vient tout le reste, c'est-à-dire qu'on nous accepte dans notre état, tels que nous sommes.” [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 166]

Pourtant, en 2025, l'accessibilité reste un combat quotidien : la loi ELAN de 2018 a réduit de 100% à 10% le pourcentage de logements neufs accessibles, provoquant une mobilisation massive des associations. L’accessibilité réelle des ERP reste une vaste blague. 

L'accessibilité numérique, enjeu crucial de notre époque, reste largement ignorée par les pouvoirs publics malgré les obligations légales.

4. Le refus de l'exploitation économique

Le collectif dénonce l'exploitation des personnes handicapées dans leurs conditions de travail, notamment dans les centres d'aide par le travail (CAT) devenus ESAT aujourd’hui, ouvrant la voie aux revendications actuelles pour l'égalité salariale et la dignité professionnelle. 

“Je crois que la première chose à demander,c'est la suppression des ateliers protégés et des centres d'aide par le travail. Il faut faire en sorte que les handicapés obtiennent un travail à salaire égal des autres. Tout cela est prioritaire. A partir de là les personnes handicapées pourront obtenir un logement. Car même si elles ont besoin d'une tierce personne, elles en

auront alors la possibilité financière. Et il leur faudra aussi une allocation. Enfin, comme objectifs importants, il y a l'accessibilité aux transports et, sur le même plan,l'accessibilité au logement.” [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 165 et 166]

Cette dénonciation de l'exploitation économique reste d'une actualité brûlante : en 2025, les usagers d'ESAT perçoivent moins que le SMIC pour un temps plein. Mais au-delà de cette exploitation salariale, c'est le principe même de ces structures ségrégationnistes qui est remis en cause : la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par la France en 2010, condamne explicitement ce système. Les revendications actuelles portant sur la désinstitutionnalisation et l'accès au marché du travail ordinaire, rejoignent exactement l'analyse d'Élisabeth qui réclamait déjà "la suppression des ateliers protégés”.

5. L'autonomie face au système associatif gestionnaire

Élisabeth Auerbacher et le CLH prônent l'indépendance vis-à-vis des associations "gestionnaires" traditionnelles qui, depuis les années 1950-1960, avaient pris en charge l'organisation de la vie des personnes handicapées dans un système institutionnel ségrégé. 

Ils affirment le droit des personnes handicapées à s'organiser elles-mêmes et à définir leurs propres revendications, remettant en question le monopole des associations gestionnaires sur la parole et l'action des personnes handicapées.

Sous Giscard et sous Macron, une constante : les ministres ou ministres délégués au handicap confondent associations gestionnaires et associations de personnes handicapées, et inclusion et ségrégation, que ce soit à l’école ou au travail…

Ce qui me désole, c'est la dernière déclaration de Nicole Questiaux : elle dit qu'elle va rendre aux handicapés leur citoyenneté, et cela, c'est très bien. Mais elle fait sa déclaration au siège de l'Association des paralytiques de France qui est la première à faire la quête et la première à créer des ateliers protégés. Ces ateliers profitent surtout aux patrons de grandes entreprises qui trouvent là sécurité de l'emploi et bas salaires.”  [Babette, handicapée méchante. Élisabeth Auerbacher Editions Stock, Paris, 1982 page 153]

Cette confusion perdure aujourd'hui : les pouvoirs publics continuent de privilégier le dialogue avec les associations gestionnaires plutôt qu'avec les organisations dirigées par et pour les personnes handicapées, reproduisant la dépossession politique dénoncée par Élisabeth Auerbacher et les Handicapés Méchants dans les années 70. La ministre déléguée en 2025, confond école inclusive et IME en parlant de "scolarité" ou de "solution inclusive" en créant des places supplémentaires dans ces lieux de ségrétation.

50 ans après : quels combats aujourd'hui ?

Un demi-siècle après la création du CLH, l'héritage d'Élisabeth Auerbacher résonne avec une force particulière à l'aune de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par la France en 2010. Si cette Convention a consacré le paradigme des droits humains en reconnaissant la dignité intrinsèque et l'autonomie individuelle des personnes handicapées, les revendications fondamentales du CLH demeurent criantes d'actualité.

L'écart entre les engagements internationaux et la réalité persiste : malgré l'article 27 de la Convention garantissant le droit au travail, l'obligation d'emploi de 6% de travailleurs handicapés reste largement inappliquée. L'éducation inclusive, consacrée par l'article 24 de la Convention, demeure inaccessible pour des dizaines de milliers d'enfants. L'accessibilité universelle, pourtant au cœur de l'article 9, régresse paradoxalement avec chaque nouvelle réglementation.

Les luttes contemporaines incarnent directement les principes de la Convention : contre l'institutionnalisation qui contrevient au droit de vivre dans la communauté (article 19), pour l'autodétermination face au paternalisme qui nie la capacité juridique (article 12), contre le validisme systémique qui bafoue l'égalité et la non-discrimination (articles 3 et 5). 

Les collectifs comme le CLHEE portent cette exigence de participation pleine et effective à la société. Les approches intersectionnelles révèlent les discriminations multiples subies par les femmes handicapées, les personnes handicapées racisées ou LGBTI+, approfondissant l'analyse politique du handicap comme question de droits humains initiée par Élisabeth.

Un héritage vivant qui inspire encore aujourd'hui

L'influence d'Élisabeth Auerbacher dépasse largement les années 1970. 

Son combat inspire directement les mouvements contemporains. Le Collectif Luttes et handicaps pour l'égalité et l'émancipation (CLHEE), créé en 2016, puise explicitement son inspiration dans le militantisme des "Handicapés méchants".

Les luttes contre la loi ELAN et pour l'accessibilité universelle s'inscrivent dans la continuité directe de ses combats. La critique du validisme et les mouvements anti-validistes contemporains trouvent leurs racines dans ses analyses politiques révolutionnaires des années 1970.

Un engagement multiforme

Au-delà de la lutte pour les droits des personnes handicapées, Élisabeth Auerbacher a également milité au sein du Comité d'Action des Prisonniers (CAP), témoignant de sa vision globale des oppressions et de son engagement pour toutes les formes d'émancipation.

Conclusion : Une révolutionnaire éternelle

L’héritage d’Élisabeth Auerbacher demeure.

Elle a transformé à jamais la manière dont notre société perçoit et traite la question du handicap. Grâce à elle et aux "Handicapés méchants", les personnes en situation de handicap sont passées du statut d'objets de charité à celui de sujets politiques à part entière.

Son message résonne encore avec une force inaltérée : les personnes handicapées ont le droit d'être en colère, le droit de revendiquer, le droit d'exiger l'égalité réelle. Elles ne doivent plus jamais accepter d'être soumises, invisibilisées, infantilisées, réduites à leur seule condition physique ou limitées dans leurs activités professionnelles ou militantes au seul champ du handicap.

Élisabeth Auerbacher a ouvert la voie. À nous de poursuivre le combat pour que son rêve d'une société véritablement inclusive devienne enfin réalité.

Puisse sa flamme continuer à brûler dans le cœur de tous ceux qui refusent l'injustice et l'exclusion.

En mémoire d'Élisabeth Auerbacher, avocate, militante, révolutionnaire. Une femme qui a changé le monde par sa détermination et sa "méchanceté" salvatrice.



Sources 


https://halldulivre.com/ebook/9782234109445-babette-handicapee-mechante-elisabeth-auerbacher/ 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/depasser-le-handicap-4779510

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/le-comite-de-lutte-des-handicapes-3954085


https://rezoee.fr/handicap-une-histoire/

https://www.senscritique.com/livre/Babette_handicapee_mechante/34950098 


https://philipperoizes.fr/realisations/attention-handicapee-mechante 

https://philipperoizes.fr/realisations/lutter-ici-et-maintenant

https://bianco.ficedl.info/mot1071.html 


https://fr.scribd.com/document/581208248/LSD-Handicap-e-pisode-3-Lutter-ensemble-contre-le-validisme 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/lutter-ensemble-contre-le-validisme-4967854


https://threadreaderapp.com/thread/1940449368261435451.html 


https://archivesautonomies.org/spip.php?article9 

https://linsoumission.fr/2025/04/08/extreme-droite-sebastien-peytavie/ 



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Raphaël Glucksmann, F.B.I

  Raphaël Glucksmann, F.B.I (*) Alors que l’extrême droite engrange des points, une figure médiatique continue de s’imposer dans le paysage sans jamais véritablement rassembler.  Raphaël Glucksmann, enfant chéri des plateaux télé et chantre d’une gauche pro-européenne policée, semble pourtant multiplier les divisions dans son propre camp pourtant relatif.  Depuis 2019, les démissions s’accumulent au sein de Place publique.  La dernière en date, celle d’Anaïta David, co-référente des jeunes, le 13 mai 2025, dénonce un fonctionnement "pyramidal" et une rupture avec le Nouveau Front populaire (NFP) [Blast, 13/05/2025]. Mais dans les grands médias ?  Silence radio.  Aucune analyse critique sur ces départs en série, aucun éclairage sur les fractures internes.  À croire que la critique n’est réservée qu’à certaines figures de gauche.  Il est donc nécessaire de faire le travail : déconstruire le mythe Glucksmann, pour mieux comprendre ce qu’il révèle d...

VERSION FALC " Gluksmann, FBI"

Raphaël Glucksmann, F.B.I Pendant que l’ extrême droite gagne du terrain, un homme est partout dans les médias : Raphaël Glucksmann .  Il parle beaucoup de l’ Europe , de la démocratie , des valeurs . Mais derrière l’image, il y a des problèmes. Son parti Place publique perd des membres. Il divise la gauche plus qu’il ne la rassemble. Il y a beaucoup de départs… mais peu d’articles Depuis 2019, des personnes quittent Place publique . En 2025, Anaïta David , une jeune du parti, démissionne. Elle parle d’un parti fermé , dirigé par une seule personne. Elle dit aussi que le parti ne veut pas travailler avec le Nouveau Front populaire , qui regroupe plusieurs partis de gauche [Blast, 13/05/2025]. Mais à la télévision ? Rien. Aucun débat. Aucune enquête. Pourtant, quand d’autres partis de gauche disent juste un mot qui ne leur plaît pas, les journalistes en parlent pendant des jours.  Pourquoi ce silence pour Glucksmann ? 2019 : un démarrage qui tourne mal Au début, Place publi...

LES PURGES EN MARCHE

La chute des courtisans Purges, scandales et justice à géométrie variable dans le camp macroniste Depuis l’irruption d’Emmanuel Macron sur la scène politique en 2016, les courtisans de la première heure n’en finissent plus de tomber. À mesure que le président s’est installé dans le paysage, s’est affirmé dans les institutions et a étendu son pouvoir personnel, ceux qui l’ont accompagné à ses débuts ont souvent été remerciés, dégradés ou discrètement écartés. Bien plus qu’un simple renouvellement générationnel ou une usure normale du pouvoir, c’est une logique de sélection négative, de caporalisation interne et de gestion verticale qui a systématiquement éliminé les voix divergentes, même parmi les plus fidèles. LREM, entre effusion initiale et exclusion méthodique En Marche !, ce « parti gazeux » né dans l’urgence électorale de 2016, a d’abord agrégé une nébuleuse de profils hétéroclites : jeunes ambitieux, élus opportunistes, anciens socialistes en reconversion, patrons séduits, as...